Presque anodin, et concurrencé aujourd’hui par le jeu quasi pianistique du clavier, le geste délié de l’écriture manuscrite est pourtant investide puissance. Contrairement à l’écriture imprimée, mécanisée, uniformisée, il atteste d’une présence, d’un corps, expression singulière de la main qui manie la plume, le stylet, le crayon à papier ou le stylo-bille. Pourtant, l’écriture manuscrite, dans certaines de ses expressions, cherche à tendre vers l’anonymat d’une écriture normalisée où la main du copiste n’est pas identifiable. Le scribe médiéval, le clerc de notaire, s’eff acent derrière une calligraphie codifiée, maîtrisée à l’extrême, où l’individualité de la main tend à se dissoudre presque complètement.

La signature, tout au contraire, est le sceau de l’individualité, la garante de l’identité entre l’écrit et le scripteur. Elle assure la probité des acteurs commerciaux, grave dans le marbre des archives notariales les minutes du moindre procès, permet de mener de complexes négociatons commerciales ou diplomatiques à distance. Pourvu que le signataire soit une célébrité ou un puissant, le feuillet manuscrit est conservé avec les égards qu’on réserve aux reliques. Son corps y est comme encapsulé. Et c’est avec fascination qu’on effleure des yeux les correspondances littéraires, les brouillons d’artistes ou les signatures des rois.

Du 3 novembre au 31 décembre, du mardi au samedi de 14h à 18h à la bibliothèque Armand Salacrou

Visites guidées sur réservation : les samedis à 15h